à deux heures de l'après-midi, comme un couvercle ouatÊ, sur le Pelvoux le silence tombe. La cure commence qui porte son nom. Aux balcons, les grands stores sont baissÊs. Ils protègent contre le vent, la neige, le soleil et les sons. Sur leurs lits, les malades s'allongent immobiles. Ni livres ni jeux. Il faut que le corps et l'esprit, livrÊs à eux-mÃĒmes, connaissent l'absolu repos. Ils sont tous là , parallèlement alignÊs comme pour une Êtrange revue que passe un chef invisible et sÊvère. Alors, tandis que s'endorment les agitations, un regard intÊrieur s'ouvre sur les malades. Les plus frivoles n'y peuvent Êchapper. Du recueillement auquel chaque jour les oblige la cure, naissent des pensÊes vagues et sourdes. Le corps engourdi communique à l'esprit une torpeur fÊconde. Tout ce qui l'encombrait dans les heures passagères, les vanitÊs, les fièvres mesquines, - tout se dÊcante, s'apaise. Des nuages flottent. De lourds choucas s'abattent sur la neige. Comment ne pas saisir l'essentiel des choses ? Grand Prix du roman de l'AcadÊmie française 1927