Texte intégral révisé suivi d'une biographie de Yasunari Kawabata. Eguchi, 67 ans, découvre la "Maison des Belles Endormies", où de jeunes filles vierges, endormies sous l'effet de narcotiques, livrent la nudité de leur corps à la voluptueuse contemplation d'hommes âgés. Pendant cinq nuits passées dans cette maison close très particulière, le vieil homme se remémore sa vie, méditant sur la vieillesse, l'amour, la solitude et la mort qui vient. "L'affreuse décrépitude des lamentables vieillards qui fréquentaient cette maison menaçait de l'atteindre lui-même dans peu d'années. L'immense étendue des désirs, leur insondable profondeur, jusqu'à quel point les avait-il finalement mesurées au cours des soixante-sept années de son passé ? Et puis, autour des vieillards naissent innombrables les filles jolies, à la peau neuve, à la peau jeune. Les désirs rêvés à perte de vue par de misérables vieillards, les regrets des jours perdus à jamais, ne trouvaient-ils pas leur aboutissement dans les forfaits de cette maison mystérieuse ?" Frémissante de beauté, toute de trouble perversité et de subtilité, expression d'un érotisme d'une gratuité absolue, "Les Belles Endormies" représente l'aboutissement des épreuves que Kawabata s'était imposées à travers sa quête esthétique. Logique avec lui-même, l'auteur va ici délibérément jusqu'au fond de son propre enfer mental avec une maîtrise d'écriture surprenante. Certains ont recherché un lien direct entre cet enfer et son suicide solitaire et lugubre, le 16 avril 1972, dans un petit appartement loué à Zushi, au bord de la mer. Sans doute serait-il plus juste d'écouter les propos tenus par l'écrivain lui-même, lors de l'attribution du prix Nobel de littérature en 1968: "Il est facile d'entrer dans le monde des bouddhas, il est difficile d'entrer dans le monde des démons. Tout artiste aspirant au vrai, au bien et au beau comme objet ultime de sa quête est fatalement hanté par le désir de forcer cet accès difficile du monde des démons, et cette pensée, apparente ou secrète, hésite entre la peur et la prière."
Fiksie en letterkunde
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Meer oor die skrywer
Yasunari Kawabata est né à Osaka en 1899. Il a publié son premier chef-d'oeuvre, La Danseuse d'Izu, en 1926, et obtenu en 1968 le Prix Nobel de Littérature. Kawabata s'est donné la mort en 1972.
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